La définition contemporaine de la naturopathie pourrait être l’ensemble des sciences, des pratiques, des philosophies de tradition occidentale visant à maintenir, retrouver, optimiser la santé par des moyens naturels. Elle s’oppose à ce titre à toutes pratiques dites « allopathique » de gestion du symptôme par l’application de médicaments chimiques, procédés, techniques non issue de la nature.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la naturopathie comme :
« (…) l’ensemble de méthodes de soins visant à renforcer les défenses de l’organisme par des moyens considérés comme naturels et biologiques. »
L’OMS en fait même la troisième médecine alternative après la médecine chinoise et l’ayurveda.
Le Larousse définit quand à lui la naturopathie comme :
« (…) un ensemble de pratiques visant à aider l’organisme à guérir de lui-même, par des moyens exclusivement naturels. Elle repose sur une théorie selon laquelle la force vitale de l’organisme permet à celui-ci de défendre et de guérir spontanément. »
Afin de pouvoir donner une définition complète de la naturopathie, il convient de replacer cette pratique dans son contexte historique.
Etymologiquement, « naturopathie » est composé des mots « -pathie » (pathos=affection, pathê=maladie) et « naturo- » (nature). Il ne s’agit évidemment pas de la pratique de « maladie de la nature », bien au contraire. « -Pathie » provient de l’anglais « path » (chemin). Naturopathie se traduit donc littéralement par voie de la nature. Guérir NATURELLEMENT ! A noter que le terme “naturopathy” a été enregistré pour la première fois aux USA en 1902.
Qu’entendons-nous par « guérir naturellement », par la voie naturelle ? Qu’est-ce que la nature, est-elle favorable à notre guérison ? L’Arum tacheté est un aracée qui peut être confondu avec de l’ail des ours, son ingestion entraîne des lésions du foie et des reins. La Petite Cigüe peut elle être confondue avec le persil plat. Son ingestion entraîne la mort par paralysie respiratoire. La Nature est-elle favorable à notre guérison dans ces cas-là ? Non, évidemment, le lion est présent naturellement dans la savane, mais il n’est pas l’ami de l’homme. Tout ce qui est naturel n’est pas automatiquement bénéfique à la santé de l’homme, il convient de distinguer parmi les solutions naturelles, celles qui maintiennent / améliorent la vie. Le praticien qui fera cette distinction est le naturopathe. Il sait choisir, dans la nature, ce qui maintient la vie et il optimise les conditions de vie de chacun.
De tout temps, l’Homme est confronté aux maux, à l’affection, la maladie, l’infection, la blessure. Des savoirs empiriques lui ont permis de définir quel traitement pouvait servir à telle maladie. Ce traitement n’est pas nécessairement matériel ni allopathique (un traitement allopathique est un traitement médical qui soigne la maladie et ses symptômes en utilisant des médicaments qui ont un effet opposé à la maladie), il peut être mental, spirituel. Pour le naturopathe, il fait appel à la FORCE VITALE. Nous arrivons ici à la pierre angulaire de la naturopathie. La force vitale, cette énergie (ch’i, mana, kuran, oki, etc.) qui traverse le corps, le maintien en vie et en bonne santé, va permettre une auto guérison, favorisée par une hygiène de vie au plus proche de la nature : consommation de produits sains, vrais, vivants, cures, etc. Cette notion de force vitale est à rattacher à la philosophie hippocratique de VITALISME, qui est selon le Larousse :
« la théorie selon laquelle la vie est une force sui generis, un principe autre que celui de l’âme, et autre que celui des phénomènes psycho chimiques, et qui régit tout l’organisme d’un être vivant (…) ».
Ces notions d’énergie vitale, d’auto guérison, d’hygiène de vie se sont enrichies de pratiques toujours proche de la nature, de pratiques manuelles (massages), homéopathiques (similitudes), allopathiques (contraires), phytothéapeutiques (plantes), aromathérapeutique (huiles essentielles) afin d’accompagner l’organisme dans sa guérison.
Ces pratiques ont été l’apanage des soigneurs, guérisseur, chamanes et jusqu’à maintenant naturopathes.
Au milieu du XXe siècle, ces pratiques naturelles ont été balayées d’un revers de main au profit de la médecine contemporaine (d’autres diront traditionnelles), que les naturopathes et les homéopathes nomment la médecine allopathique : qui (1) s’intéresse aux symptômes et (2) soigne les symptômes en appliquant des médicaments traitant les effets contraires à ceux que produit le malade. Le terme « allopathie » aurait été inventé par Samuel Hahnemann, père fondateur de l’homéopathie :
“l’allopathie est une méthode antipathique et purement palliative”.
La naturopathie occidentale prend racine dans les concepts d’Hippocrate de Cos, elle se nourrit également des pratiques orientales (médecines chinoise, ayurvédiques, yoga, etc.) et des médecines dites douces. Une définition complète et ouverte nous est donnée par Daniel Kieffer :
“La naturopathie apparaît comme une vaste synthèse des méthodes naturelles de santé. Elle est un art et une science à la fois art du bilan de santé (…), science maîtrisant bien évidemment l’anatomie et la physiologie (…), science de l’individualisation minutieuse des pratiques hygiéno thérapeutique naturelles (…). La naturopathie est une écologie de votre santé (…). Les réformes de l’hygiène de vie, suivant le bilan de santé individualisé, sont propres à prévenir l’apparition des nombreux troubles, voire à accompagner les processus biologiques de l’homéostasie.”
Il existe trois grand principes en naturopathie, principes découlant du courant hygiéniste (lui-même découlant des pratiques hygiénistes prônée par Hippocrate, père de la médecine occidentale).
Ces grands principes sont le VITALISME, L’HUMORISME et le CAUSALISME.
Le vitalisme est une théorie élaborée au XVIIIe siècle par François Marie Xavier Bichat.
“La vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort”.
Le vitalisme est le principe, la philosophie qui étudie la force vitale. Cette force (souvent apparentée à l’homéostasie) anime tout être vivant, cette énergie anime le corps et l’esprit et fait son nécessaire pour les maintenir en bonne santé. Seuls les effets peuvent être constatés, elle est difficilement scientifiquement observable. Un exemple flagrant de la présence de cette force vitale est la fièvre qui est d’autant plus élevée que le malade a de force vitale (et est jeune). D’autres exemples sont la cicatrisation, le vomissement et la diarrhée, etc. En d’autres termes, la force vitale est
« l’ensemble des énergies qui font fonctionner nos cellules et qui activent nos organes internes. Elle est la manifestation de la vie ! »
L’énergie vitale, qui représente la somme des énergies glandulaires et neuropsychique, est fluctuante et peut se gaspiller. Il convient en naturopathie de procéder au bilan de cette énergie (bilan de vitalité) car cette énergie a pour but final d’activer ou de provoquer l’élimination des déchets. Moins il y a d’énergie vitale, moins elle concourt à maintenir la santé, elle peut s’épuiser.
Pierre Valentin Marchesseau (un des pères de la naturopathie contemporaine) a élaboré l’équation suivante :
SANTÉ = (force vitale – perméabilité émonctorielle) / seuil de toxémie.
En d’autres termes, la santé s’améliore si la force vitale augmente et que la toxémie diminue. Le contraire amène une détérioration de la santé. Le naturopathe utilise plusieurs techniques pour évaluer la force vitale : analyse morpho-psychologique, iridologie, pulsologie, recherche de groupe sanguin, etc. qui alimentent l’anamnèse. Il étudiera également le terrain du patient (client) que nous verrons par la suite.
Le deuxième concept/principe de la naturopathie est l’humorisme, directement inspiré de la doctrine hippocratique. Les humeurs de l’organisme sont des liquides, au nombre de quatre : le sang évidemment, l’un des principaux liquides de par son rôle et la part qu’il représente dans la composition du corps (5,5 litres dans le corps), la lymphe, deuxième principal liquide (5 à 6 litres dans le corps), la bile et l’atrabile (=sécrétions hormonales). L’atrabile d’Hippocrate n’a pas d’identité réelle en physiologie. Cette humeur noire est remplacée dans la notion de liquides organiques par le liquide céphalo-rachidien (LCR), mais cela reste une théorie contemporaine. Ces humeurs doivent être saines, le cas échéant, des lésions fonctionnelles et organiques apparaissent, c’est la maladie ! Toujours selon Hippocrate, la dominante d’une humeur sur les autres humeurs, chez un individu, entraîne des comportements que l’on appelle des tempéraments. Ces tempéraments sont le sanguin, le lymphatique, le bilieux et le nerveux. De nos jours, le naturopathe se sert toujours des tempéraments pour son analyse de la toxémie, c’est à dire du niveau d’accumulation d’éléments toxiques dans les liquides organiques (sang, lymphe, liquide intra cellulaire, liquide extra cellulaire). Ces surcharges d’éléments toxiques devront être expulsées d’un manière ou d’une autre, c’est le rôle des émonctoires. Le naturopathe intervient sur l’origine de ces surcharges (hygiène, alimentation) et sur le fonctionnement des émonctoires. A noter qu’une technique contemporaine, la bioélectronique de Vincent permet d’analyser les caractéristiques biochimiques et électriques des liquides (sang, urine, salive, etc.).
Le troisième concept est le causalisme. Il s’agit ici d’identifier les symptômes, les analyser, afin d’identifier les causes de la maladie. Cette cause peut être l’effet d’une autre cause et ainsi de suite. On remonte de cause en cause pour identifier « la source des maux ». Il peut y avoir plusieurs causes pour un seul mal. Le naturopathe s’intéresse aux aspects psychosomatiques (du mental vers le corps) et somatopsychiques (du corps vers le mental).
Avant d’aborder les différents émonctoires, il convient de définir le concept de toxémie. En naturopathie, la toxémie désigne l’encrassement du milieu humoral, lorsque les humeurs sont saturées de déchets. La toxémie est liée à la diathèse du patient, son tempérament et sa constitution. La toxémie peut-être endogène (les déchets sont sécrétés par l’organisme lui-même, excrétion des cellules, destruction de la cellule en fin de vie, etc.) ou exogène (alimentaire, excès de sucre, de sel, d’alcool, pollution, etc.). La nature des déchets produits diffèrent selon l’origine de la toxémie. Les déchets restant en suspension dans le milieu humoral sont appelés « colles » (déchets de nature colloïdale) lorsqu’il s’agit de mucus, de glaire et d’écoulements gras. Il sont appelés « cristaux » lorsqu’ils ont une nature acide. les colles sont issues des glucides et des lipides, les cristaux sont issus des aliments et facteurs acidifiants. Le métabolisme créé aussi des radicaux libres dont la présence peut également augmenter sous l’effet de facteurs extérieur.
Les déchets mucosiques (mucoses toxiques) sont donc des déchets collants non solubles éliminés par les intestins (selles), le foie (bile), les poumons (crachats) et les glandes sébacées (sébum). Les kystes, fibromes, polypes et autres dépôts adipeux sont le signes d’un mauvais fonctionnement de ces organes. Les déchets cristolloïdaux (acidose toxique) sont des déchets durs et blessants solubles dans l’eau qui sont éliminés par les reins et les glandes sudoripares (urine, sueur). Lorsque ces déchets sont présents en trop grand nombre, le corps vient puiser dans ses réserves osseuses (minéraux alcalins) afin de maintenir l’homéostasie.
Les organes ayant la capacité d’évacuer les déchets et les toxines sont appelés les émonctoires. Ces organes sont l’intestin qui outre son rôle d’évacuation des matières non digérées (les selles), est un émonctoire qui évacuera la mucoses intestinales (colles principalement). Si l’intestin n’est pas capable d’assurer sa fonction émonctoire de façon optimale, les poumons prennent le relais (émonctoire de dérivation). Le cas échéant, la peau prend le relais. Le deuxième émonctoire sont les reins qui assurent la filtration du sang, la régulation des liquides et la réabsorption des minéraux. En tant qu’émonctoires, les reins évacuent acides et cristaux. A noter que les reins ont également un rôle de synthétisation et de dégradation hormonales. Le troisième émonctoires sont les poumons qui eux évacuent les acides volatils. Il peuvent également évacuer les colloïdaux sous forme de mucoses, glaires et autres toux grasses. Le quatrième émonctoire est la peau (organe le plus lourd et le plus visible de l’organisme). Organe sensitif et barrière immunitaire, cet émonctoire évacue les colles par les glandes sébacées (peau grasse, boutons, furoncles, etc.), et les acides et cristaux par les glandes sudoripares (la peau est un émonctoire mixte).. Enfin le foie (et la vésicule biliaire) remplit près de 500 fonctions (métabolismes des lipides, glucides, protéines, etc.). Cet organe capital pour le fonctionnement de l’organisme n’est donc pas considéré comme un émonctoire à part entière. Outre la filtration du sang, il évacue les toxines vers les autres émonctoires ; la vésicule biliaire reçoit la bile du foie et la concentre, elle est un émonctoire du foie.
Pour résumer, les glucides et les lipides sont à l’origine de la production des colles qui sont traitées par les émonctoires intestin (selles ou peau vers les glandes sébacées) et l’émonctoire poumon (air expulsé pour les acides volatils ou peau vers les glandes sébacées). Les protéines et les acides sont à l’origine de la production des cristaux qui sont traités par l’émonctoire rein (urines pour les acides lourds ou peau vers les glandes sudoripares). La peau reçoit donc colles et cristaux qu’elle évacue en écoulement ou transpiration. Lorsque les émonctoires ne fonctionnent pas assez bien ou qu’on les « étouffe » (prise de médicament), il y a ce que l’on appelle un transfert morbide : la toxémie est enfermée, elle entre plus profondément dans l’organisme, là commence le lent processus dégénératif.
Une fois que le naturopathe a cerné le terrain de son patient (bilan de vitalité), sa force vitale, qu’il a déterminé les origines et la nature des toxémies, il peut mettre en place une série de protocoles ciblés que l’on appelle cures naturopathiques. Au nombre de trois, ces stratégies sont des protocoles d’épuration, de lutte en carences diverses et d’harmonisation du terrain. Elles se succèdent dans un ordre distinct.
La première, la cure de détoxication, a pour objectif principal de réduire notablement les sources de toxémie et de permettre à l’organisme de les éliminer par ses propres moyens (les émonctoires). Cette cure est elle-même composée de trois temps que sont la cure de désintoxication (assécher la toxémie), ouvrir les émonctoires et enfin libérer le diencéphale. Elle nécessite une bonne énergie vitale puisqu’elle est consommatrice d’énergie. L’objectif ici étant de supprimer toutes les sources de toxémie possible en adoptant une hygiène de vie adaptée et surtout en modifiant ses habitudes alimentaires en les adaptant aux standards naturopathiques : manger moins, de meilleure qualité, bio, local, le plus cru possible et frais. Mise en place de mono diète (consommation d’une seule catégorie d’aliment voire un seul aliment) sur plusieurs jours. Mise en place de jeûnes courts et pour les patients habitués et dont l’énergie est disponible, des jeûnes plus longs. L’objectif ici étant de mettre le système digestif au repos, de lui permettre de se restaurer et de permettre à l’énergie vitale de se focaliser sur les points défaillants. Les systèmes de drainage permettent aux organes d’être stimulés (drainage lymphatique, relaxation, sport, réflexologie, bains chauds et/ou froids, hydrothérapie, bol d’air Jacquier, phytothérapie, etc.). Les aspects psychologiques et émotionnels peuvent être abordés à ce stade avec mise en place d’activités spécifiques (Qi Gong, Tai chi, Yoga Nidra, sophrologie).
La deuxième stratégie (protocole) est la cure de revitalisation. Même si le patient peut éprouver une sensation de bien-être et d’énergie importante suite à la cure détoxication, il convient ici de conforter cette situation, de consolider les acquis. La cure de revitalisation a pour objectif de combler les carences accumulées jusqu’ici dont celles causées par la cure de détoxication. Sur le plan psychologique, émotionnel, psychique et sur le plan physique, il faut mettre tout en œuvre pour stabiliser cet état : sport, sorties dans la nature, relations sociales non toxiques, aides (ponctuelles) de super aliments et phytothérapie et bien évidemment poursuite du régime (pas dans le sens perte de poids) alimentaire.
La troisième cure est la cure de stabilisation, ici s’opère une phase d’équilibre visant à optimiser une harmonie physique et mentale. Il y a un vrai changement de paradigme, un changement de vie vers plus de nature et de naturel. On tend ici vers un idéal de vie, on l’atteint dans l’absolue. Les conseils, les préceptes, les stratégies, l’hygiène de vie transmis par le naturopathe deviennent un mode de vie à adopter.
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